© Damien Sivier, #19, from the series 33 Horizons |
EN
Formerly, bootleggers and smugglers followed this track that leads to a pass – called col de cou – linking Switzerland to France. A border post was built up there to reduce the importance of this traffic. The route then became more risky and demanding, but this was not enough to dissuade the traffickers. Under cover of darkness in the silence of moonless nights, they had to show determination and a high ability to adapt in order to reach their destination on the other side of the border line.
Today, the track is marked out, and, about two years ago, I started following it, equipped with my technical camera, with the only goal to reach the pass, as quickly as possible. At that time, I had collected only a few photographs for my project 33 Horizons. I had recently settled in Switzerland, and had only some vague ideas of this landlocked country enclosed by Europe. I wanted to gather photographs of landscapes, taken on places located along the border to evoke a sense of isolation. After some research, I identified that pass on a map, and planned to hike up there.
However, I heavily underestimated the time needed to reach my destination. During the climb, exhausted by the weight of my equipment, I allowed myself a few minutes of rest, looking for some calm after having walked by a picnic area where many hikers were having a break. After some hesitation, and without really knowing why, I decided to take, exactly where I had stopped, a photograph showing the track that was continuing in the forest. I quickly folded my camera up and carried on, without thinking of it any further.
I had forgotten this moment, until the day when I received the mail containing the developed negatives. I remember that I was immediately convinced that this photograph should become a part of this series. It was showing something different from what I had initially imagined, nothing related to isolation, and I could no longer consider continuing the project in its early form. From this moment, I gave a completely different direction to it, turning it towards new horizons.
FR
Autrefois, les passeurs et les contrebandiers suivaient ce chemin reliant la Suisse et la France, passant par le col de Cou. Un poste frontière y fût construit afin de restreindre l’ampleur des trafics. Le parcours devint alors plus périlleux et éprouvant, mais cela ne suffit pas à dissuader les trafiquants. Dans la quasi obscurité et le silence des nuits sans lune, ils leur fallaient faire preuve de détermination et d’une grande capacité d’adaptation, pour rejoindre leur destination de l’autre côté de la ligne frontière.
De nos jours, le chemin est balisé, et, j’ai suivi ces marques, il y a maintenant presque 2 ans, équipé de ma chambre, dans l’unique but d’atteindre le col aussi rapidement que possible. Je n’avais alors pris que quelques photographies dans le cadre de ma série 33 Horizons. Je venais de m’installer en Suisse, et n’avais qu’une vague idée de ce pays, enclavé dans les terres et entouré par l’Europe. Je voulais rassembler des photographies de lieux situés le long de la frontière suisse, afin de transcrire un sentiment d’isolement. Après quelques recherches, j’avais repéré ce col sur une carte, et planifié mon parcours afin de m’y rendre.
Cependant, j’avais sous-estimé le temps nécessaire pour atteindre ma destination. Au cours de la montée, fatigué par le poids de mon équipement, je m’accordais quelques minutes de repos, recherchant un peu de calme après avoir traversé une aire d’accueil où de nombreux marcheurs faisaient une halte. Après quelques hésitations, et sans vraiment savoir pourquoi, j’ai alors décidé, là où je m’étais arrêté, de prendre une photo du chemin qui continuait dans la forêt. J’ai vite replié mon appareil photo, et repris mon ascension sans plus y penser.
J’avais oublié cet instant jusqu’au jour où je reçus un colis contenant les négatifs développés. Je me souviens avoir été immédiatement persuadé que cette photographie devait rejoindre ma série. Elle montrait quelque chose de complètement différent de ce que j’avais initialement imaginé, rien qui n’évoquait l’isolement. Je compris que je ne pouvais poursuivre le projet sous sa forme initiale, et qu’il fallait que je lui donne une toute autre direction, pour l’amener vers d’autres horizons.
- Damien Sivier